Les mesures barrières sont connues et en appellent à la prudence et à une responsabilité citoyenne. Mais on ne doit pas céder à la panique, en tant que chrétien. Face à un phénomène comme la pandémie du Covid-19, il y a lieu de s’interroger sur les ressorts d’une telle panique. Comment expliquer nos anxiétés, non fondées ?
L’imprévisibilité crée l’angoisse
De façon générale, la question des virus effraie. Pour certains virologues, le virus fait peur parce qu’il est un agent infectieux qu’on ne voit pas. Par définition, il nécessite, expliquent les spécialistes, un hôte, souvent une cellule, dont il utilise le métabolisme et les constituants pour se répliquer. Ainsi, le nom virus est emprunté au latin uirus (« suc, jus, humeur ; venin, poison, mauvaise odeur, infection »).
Cette menace invisible, selon la psychiatre française Sabine Berlière, génère « des angoisses archaïques » similaires à la peur du noir où peuvent se cacher des dangers. « Dans ce contexte, explique-t-elle, il nous faut néanmoins un coupable identifiable : nos collègues de bureau, même nos proches sont vus comme la « menace » potentielle, visible et perceptible. A cela s’ajoute le fait que « cette nouvelle épidémie due au coronavirus a également déclenché des mesures inhabituelles. C’est quelque chose de complétement nouveau, du jamais-vu, même pour les anciennes générations, avec un niveau de communication autour du sujet incroyablement élevé dans le monde entier.
Comment garder l’esprit calme pour ne pas se laisser gagner par la paranoïa et par l’anxiété ?
La psychiatre préconise une prise de conscience collective des mesures barrières recommandées par les Etats. Elle propose d’éviter le piège d’une surenchère inutile liée à l’effet « anxiolytique » des mesures de prévention : « elles nous rappellent à la fois que le virus est là, que la menace existe, mais que nous avons la possibilité de réagir et de faire quelque chose, comme se laver bien les mains, utiliser des gels désinfectants, éviter les grands rassemblements ou ne pas se faire la bise. Se réapproprier les gestes et être actif dans la lutte peut aider à combattre le sentiment d’impuissance, qui est souvent source d’angoisse, explique-t-elle.
Pour le chrétien, relève le Père Serge Martin Ainadou, prêtre du diocèse de Cotonou au Bénin, il ne s’agit pas de se sentir moins solidaire de nos frères. « Car le respect des mesures aide à mener une lutte collective. Mais mieux, c’est d’éviter la tentation de dissocier ce combat sanitaire du sens de la prière qui nous rappelle que nous sommes des créatures de Dieu et que, malgré notre science bien limitée, c’est Dieu Seul qui peut éclairer sur des solutions idoines à adopter pour vaincre cet ennemi commun » relève-t-il.
Lionel Azelokonon