» Amen, je te le dis : aujourd’hui, avec moi, tu seras dans le Paradis. »
Le Christ-Roi du Cosmos est un un Roi du paradoxe.
Paradoxe parce que ce Roi est à la fois l’infiniment petit et l’infiniment grand.
Il est très grand ! Il est Souverain.
» Il est aussi la tête du corps, la tête de l’Église : c’est lui le commencement, le premier-né d’entre les morts, afin qu’il ait en tout la primauté. » proclame saint Paul dans la deuxième lecture de ce dimanche de la Solennité du Christ-Roi de l’univers.
C’est en Lui que tout fut créé.
La Royauté vient aussi de Dieu.
Les douze tribus d’Israël, dans la première lecture, n’en doutent point.
Toute Royauté appartient à Dieu et vient de Dieu.
» Et le Seigneur t’a dit :
‘Tu seras le berger d’Israël mon peuple, tu seras le chef d’Israël.’ »
Dieu est Souverain. C’est lui qui éliit celui qui préside aux destinées de son peuple.
Le style de Royauté de Dieu, c’est pourtant de protéger son peuple.
Israël avait une conscience vive de la grandeur de ce Dieu dont la puissance réside dans sa tendresse.
Lorsque le peuple s’égare, Dieu, au nom même de l’Alliance, reste fidèle à ses promesses.
C’est un Roi puissant et au cœur bon.
C’est cette bonté qui fait sa grandeur.
La figure de David annonce pourtant la possibilité que Dieu se fasse proche des siens.
Le Christ, Verbe de Dieu fait chair, en qui tout ce qui est créé subsiste, se fait l’un de nous.
Le Dieu infiniment grand se fait aussi l’infiniment Petit.
C’est le paradoxe de ce Roi qui n’est pas comme les autres.
Celui que le cosmos ne peut contenir se fait homme et se fait proche de l’Homme pécheur.
Qui l’eût cru ?
Avant de contempler à Noël ce Mystère de l’Abaissement de Dieu, venons à la Croix.
Il a eu droit à un traitement peu humain alors qu’il est pleinement homme et pleinement Dieu.
L’homme pécheur a été capable de le dépouiller de ses attributs royaux.
« N’es-tu pas le Christ ? Sauve-toi toi-même, et nous aussi ! »
C’est une réaction !
Si tu es le Christ, ce grand Roi de l’univers et tout-puissant, c’est donc le moment de le prouver, présume cette réaction de l’un des deux crucifiés avec le Christ.
C’est comme une manière de l’éprouver dans sa vulnérabilité.
Et pourtant il est le Roi.
Et pourtant, » lui, il n’a rien fait de mal. » dit le second crucifié.
L’épreuve d’une telle épreuve est l’oeuvre de l’homme.
Et cela continue.
Le Roi est allé jusqu’à cet extrême de son abaissement et s’est identifié au pécheur, lui qui est sans péché.
Il a connu la souffrance.
Il s’est fait solidaire de l’homme souffrant sans tomber dans le piège du non-pardon.
Même sur une croix, ce Roi pleinement humain se rend encore disponible pour accueillir le pêcheur, tant que le pêcheur ne se ferme pas au don de son Amour.
« Jésus, souviens-toi de moi quand tu viendras dans ton Royaume. »
Dieu n’a pas repris ici l’inventaire public des péchés de ce crucifié.
Tout se passe entre les deux :
Il a entendu son sens de justice, de regret, sa résolution puis ce fut l’inattendu ;
« Amen, je te le dis : aujourd’hui, avec moi, tu seras dans le Paradis. ».
Tel est le Roi que nous adorons à chaque Eucharistie.
Le Roi respectueux de l’homme.
Le Roi ami de l’homme.
Le Roi proche de l’homme par sa Parole de conversion et de transformation.
Nous pouvons aller vers ce Roi et lui donner toute notre vie.
Seigneur, apprends-nous à nous abandonner à ton amour.
Père Serge Martin Ainadou