De cette nouvelle édition de la Conférence-débat qu’organise Le Cercle de Réflexion et d’Évangélisation, Les Maux de ma foi en partenariat avec Radio Immaculée Conception, le Père Maurice Houmenou etait l’invité. Il est prêtre du diocèse de Cotonou, auteur de plusieurs ouvrages dont » L’ésotérisme et la foi chrétienne », formateur au séminaire et à l’École d’Initiation Théologique et Pastorale dans le diocèse de Cotonou et curé de la cathédrale Notre-Dame de la Divine-Miséricorde (Cotonou).
Traits essentiels du Nouvel-Âge
Recu sur le plateau de Les Maux de ma foi dans le cadre de la traditionnelle Conférence-débat du Cercle de Réflexion et d’Évangélisation Les Maux de ma foi samedi 24 septembre 2022 au Centre Saint-Paul VI à Cotonou ( Bénin), le Père Maurice Houmenou est largement revenu sur le contenu du concept Nouvel-Âge ( New Age). Selon l’auteur de ‘ » L’ésotérisme et de la foi chrétienne », le New-Age désigne une nébuleuse empruntant à plusieurs religions et courants. À l’origine du mouvement, il y a donc une sorte de croyances en la nature, notamment avec un intérêt accordé à un » quardipatri » comme l’air, l’eau, le feu et la terre. Dieu, en tant que » Personne » avec qui l’Homme peut entrer en relation d’amour et de communion y est absent. Il est donc remplacé par l’idée d’une » énergie », une sorte de » grand-tout » cosmique en quoi l’Homme fond et avec quoi il se confond. Sous ce rapport, l’invité de la 49 ème édition de la Conférence-débat de Les Maux de ma foi a évoqué plusieurs courants de pensée qui servent d’étoffe à cette nébuleuse du New-Age, notamment l’astrologie. On y rencontre un goût pour l’horoscope comme aussi pour ce que les promoteurs appellent » l’ère du poisson » assimilée aux 2000 ans d’existence du Christianisme puis » l’ère du verseau « .
Celle-ci, pour les tenants de ce courant, vient remplacer l’ère du poisson. C’est l’ère de l’abandon de ce qui a constitué le fondement du Christianisme, c’est-à-dire la » Révélation chrétienne » et de la redécouverte de l’Homme comme » la mesure de toutes choses. » Selon le Père Maurice Houmenou, c’est finalement une fascination pour une » connaissance sans Dieu » qui prend le dessus. L’Homme de » l’ère du verseau » est porté à une affirmation de soi indépendamment de la grâce de Dieu. » L’Homme devient la norme et pense donc avoir en lui tout ce qu’il faut pour affronter la réalité de la vie.. « a-t-il remarqué, soulignant ainsi l’illusion dans laquelle installe la nébuleuse du New-Age.
Le Nouvel-Age et ses promoteurs
Apparu dans le courant du XXème siècle, le New-Age est fondé sur un certain nombre de figures de l’ésotérisme. L’auteur de l’ouvrage » L’ésotérisme et la foi chrétienne » cite quelques figures, notamment Paul Le Cour, auteur de » l’ère du verseau », texte fondateur du New-Age, Hélène Petrona Blavatsky, celle-là qui a posé les bases de la » Théosophie » ( une certaine sagesse qui reposerait sur un divin qui n’est pas Dieu.)
C’est une doctrine hétéroclite qui puise partout, exalte un certain pouvoir qui se cacherait en l’Homme ( anthroposophie); ainsi que dans certaines sagesses de l’Asie non-chretienne. D’après l’analyse de l’invité, le New-Age apparaît comme un ensemble de doctrines hétéroclites qui s’engagent, sans pour autant parler de religion.
Ainsi, à partir de certaines constances, s’est développée, selon l’invité, une certaine loi dite des correspondances « ce qui est au ciel serait le reflet de ce qui serait sur la terre et vice-versa », ce qui laisse suggérer que l’Homme lui-même serait Dieu; dite de » Conscience primordiale, océan infini » d’où emaneraient des fondateurs de différentes religions, y compris le Christ assimilé à un » avatar » de maître…. et enfin de » métempsycose » avec des cycles de réincarnation…
L’humain fait ainsi « un » avec la nature et pour se découvrir fondamentalement et parvenir à un certain » nirvana » ( extinction du désir et des sens dans un grand tout cosmique), il lui suffirait, pensent les promoteurs de cette nébuleuse, de faire usage de techniques, dont le yoga, la méditation transcendantale avec la nécessité d’une initiation secrète par un » maître » ou un » gourou ».
En fin de compte, postule le New-Age, l’humain est capable d’agir sur la nature et n’a pas besoin de Dieu. Il doit aussi s’affranchir de tout ce qui est dogmatique. Les promoteurs du New-Age pensent aussi que l’homme n’aurait pas besoin de salut, et qu’il serait l’acteur, la mesure et le centre de sa propre vie comme il n’aurait pas besoin d’une religion. La perspective de la résurrection est absente, et laisse plutôt la place à une réincarnation hypothétique, relève le Père Maurice Houmenou.
Position du jeune chrétien face au débat
Selon l’invité de cette édition de la Conférence débat de Les Maux de ma foi, le phénomène de la sécularisation semble avoir favorisé l’essor du Nouvel âge . Le New Âge veut rejoindre les jeunes, là où ils peuvent le sentir. Il répond à certains besoins du jeune, comme, par exemple, cette soif du pouvoir. D’où des nuances à apporter par rapport à l’absolu des théories dites » du développement personnel ». » Il y a aussi la recherche d’un certain pouvoir absolu grâce à l’appartenance à des réseaux, des cercles de réflexions dont les ambitions sont diffuses ». Ainsi se clarifie une certaine démarche de discernement entre » pouvoir absolu contre Dieu » et » sentiment d’allégeance et d’action de grâce à Dieu, Auteur de toutes richesses et gloire. »
L’invité a également mis un accent particulier sur la possibilité de discerner parmi les messages séducteurs ceux qui consistent à éloigner du prochain ou bien à faire la promotion de la richesse matérielle au détriment du prochain. Il n’a pas manqué de souligner que le manque de formation et de culture du jeune sur son Église, sur la vie peuvent favoriser l’influence de cette nébuleuse et le recrutement des jeunes par des mouvements opposés à la foi chrétienne. La relation à Dieu en est sûrement affectée, remarque-t-il.
Alors, « se former reste un rempart essentiel pour éviter les pièges du nouvel âge » insiste le Père Maurice Houmenou. Pour ce dernier, Il existe bel et bien des propositions de développement personnel centrées sur Dieu et promues par des chrétiens. Aussi, une fois impliqué dans cette nébuleuse du New Âge , le choix de rebrousser chemin, devient compliqué pour le jeune pris au piège. Heureusement, rassure-t-il, l’Eglise prévoit l’accompagnement spirituel pour ces jeunes reconvertis. » C’est cette thérapie spirituelle qui leur permet d’habiter autrement leur aspiration au bonheur » a-t-il conclu.
Eusèbe DJAGBA