« Je suis allé dans un restau pour dîner avec des amis et après une commande du sirop à la pastèque, je vois un robot s’avancer vers ma table et s’arrêter net. Je n’avais pas compris ce qu’il vient faire là. Un de mes amis me dit qu’il fallait prendre la commande que transportait ce robot. Bien étrange ! » raconte Harold, la vingtaine, actuellement aux JMJ à Lisbonne ( Portugal). Comme lui, de nombreux jeunes ne craignent pas que le problème d’un potentiel chômage technique que pourrait provoquer la mise sur le marché de robot; mais également d’éventuels bouleversements dans les rapports humains. L’évènement des JMJ, dans un tel contexte, apparaît comme une chance pour des participants. Sur des médias, ils n’hésitent pas à dire leur joie d’une rencontre physique avec tant d’autres jeunes du monde entier, de ces moments de partage qu’une intelligence artificielle ne réussira pas à communiquer avec une telle chaleur humaine.
Partir en hâte comme Marie
A la messe inaugurale de la 37ème édition des Journées Mondiales de la Jeunesse, le cardinal Patriarche, Mgr , est revenu sur le sens spirituel de ces Journées Mondiales de la Jeunesse à l’heure du défi du virtuel. Plus d’un million de jeunes, comme Marie, sont partis à la hâte à la rencontre d’autres jeunes. Ces Journées Mondiales de la Jeunesse sont aussi l’occasion d’une expérience de solidarité intense brisant le mur de l’individualisme contemporain. Pour Laetitia, jeune chrétienne béninoise, cet évènement nous envoie un message fort d’une marche-ensemble. « On ne peut pas être autant heureux tout seul, assis dans un coin comme nous renvoie la logique de l’intelligence artificielle » soutient la jeune étudiante. Si le progrès rend possible de nouveaux programmes à l’heure de la génération 3.0, Larissa n’est pas dupe quant au défi d’une rencontre physique.
Pour certains jeunes consultés, c’est l’occasion de remettre à jour l’esprit de la rencontre que visent, sans doute, implicitement les inventions de l’Intelligence Artificielle. Si l’objectif est de reproduire les actions de l’homme, il s’agira maintenant d’éviter que ces machines remplacent l’homme et s’interposent entre lui et le prochain. Comme l’observe Harold, les JMJ sont une réponse du Seigneur à ce défi de l’individualisme ambiant lié surtout à un train de vie nourri par de projets d’autoréalisation par ses seules forces, de rentabilité économique qui ne tienne pas compte du partage et il va falloir se réjouir de cette grâce du Seigneur.
L’Intelligence Artificelle
Si le mot d’« intelligence artificielle » (IA) est entré dans le langage ordinaire et son utilisation devenue banale dans les médias, il n’en existe pas réellement de définition partagée. C’est du reste l’avis des spécialistes. Au sens large, ils estiment que le terme désigne indistinctement des systèmes qui sont du domaine de la pure science-fiction (les IA dites « fortes », dotées d’une forme conscience d’elles-mêmes) et des systèmes déjà opérationnels en capacité d’exécuter des tâches très complexes (reconnaissance de visage ou de voix, conduite de véhicule – ces systèmes sont qualifiés d’IA « faibles » ou « modérées »). L’Intelligence Artificielle est aussi perçue comme une discipline jeune d’une soixante d’années, qui réunit des sciences, théories et techniques (notamment logique mathématique, statistiques, probabilités, neurobiologie computationnelle et informatique). Selon les explications des spécialistes, cette jeune science a pour but de parvenir à faire imiter par une machine les capacités cognitives d’un être humain.
D’après les explications de certains experts comme Yann LeCun, chercheur en IA et pionnier de l’apprentissage profond ( ), l’ambition de parvenir à imiter une cognition humaine (ou même animale) nécessiterait de nouvelles découvertes en recherche fondamentale et non une simple évolution des technologies actuelles d’apprentissage automatique. De telles technologies, qui relèvent essentiellement de la mathématique et de la statistique, ne sont en effet pas en mesure d’agir par intuition ou de modéliser rapidement leur environnement » explique-t-il. En même temps, elles soulèvent une grande polémique. L’introduction de ces technologies dans des rapports humains pourrait entrainer de grands bouleversements. Depuis peu, les impacts sociétaux et éthiques sont soigneusement étudiés, poussant des géants du secteur à exiger un moratoire pour suspendre provisoirement des recherches dans ce domaine. Pendant ce temps, le regard tourné vers Marie, plus d’un million de jeunes vivent une expérience enrichissante de rencontre à Lisbonne.
Magali Scantaburlo