“Que vais-je devenir?”, “Que va-t-il se passer?”, sont des questions légitimes qui préoccupent le jeune. S’y ajoute souvent la peur. La peur de l’incertitude, de l’inconnu. Cette émotion détruit déjà dans le présent les capacités du jeune, le rendant ainsi vulnérable à gérer les difficultés, si elles survenaient. Sur cette question et les problèmes d’emploi, le père Jacques GNONHOSSOU a enseigné les jeunes.
Prendre ses responsabilités
Le problème de l’emploi au Bénin est structurel, expliquait le père Jacques à l’occasion de cette 57ème édition des conférences-débats bimensuelles qu’organise le Cercle de Réflexion et d’Évangélisation « Les Maux de ma Foi : les Jeunes S’Interrogent! ». À son avis, c’est un problème qui révèle des défaillances aux niveaux des efforts de diverses entités. «La responsabilité parentale est en difficulté. Alors qu’elle transcende la simple transmission de connaissances, elle englobe le développement du savoir-être, des valeurs et vertus humaines telles que la loyauté et l’intégrité. Ces enseignements constituent les fondements sur lesquels repose la construction d’individus éthiques et compétents, dotés du savoir-vivre et du savoir-faire nécessaires pour prospérer dans la société» a martelé le père Jacques lors de la rencontre, ce 27 janvier 2024 au Centre Paul VI (Bénin).
Pour le clerc, curé de la paroisse Saint Michel Archange de Godomey, le défi des valeurs persiste dans notre environnement social africain : l’incapacité à s’associer, alimentée par une méfiance envers le prochain, entravant les initiatives dans un monde où la collaboration demeure le moteur des performances socioéconomiques. Dès lors, il invite les jeunes à aller à l’école des valeurs. Imprégnés de ces valeurs, ils pourront faire valoir, la probité et l’éthique. Valeurs moins fréquentes et pourtant recherchées par les employeurs et nécessaires pour la création même d’une entreprise. Une situation qui nourrit la croissance du chômage. Aussi, les jeunes doivent embrasser la culture de la patience. La patience nécessaire pour traverser les phases difficiles de l’insertion professionnelle. Ils ont besoin d’apprendre continuellement, le recyclage, et d’oser la reconversion professionnelle. Apprendre à manifester leur volonté, en tirant profit des ressources offertes par l’école, la famille et d’autres associations.
Les gouvernants, dotés des ressources nationales, ont une responsabilité prépondérante dans l’investissement dans le capital humain pour l’expression des potentialités locales. Leurs responsabilités s’étendent à la structuration du système éducatif. Face à la mauvaise orientation des jeunes et à l’inadéquation de la formation aux besoins nationaux, une refonte du système éducatif s’impose. Ce processus doit le rendre flexible, capable de s’adapter aux changements. L’insertion professionnelle des jeunes nécessite un soutien actif de l’administration publique. Favorisant non seulement la création, mais surtout offrant un accompagnement permanent aux initiatives.
L’Eglise accompagne.
La visite inspirante de Monseigneur l’archevêque Roger Houngbédji dans l’un des grands centres agro-pastoraux du pays, le centre Songhaï, témoigne de l’engagement profond du pasteur et de toute la communauté ecclésiale en faveur de la situation économique des jeunes. Ces actions, prévues par le plan stratégique de l’archidiocèse de Cotonou (Bénin), confirment la conscience de l’Église de la situation des jeunes. Une conscience qui doit habiter chaque aîné, afin qu’il se mobilise pour l’amélioration des conditions des plus jeunes.
Le père Jacques, partagea avec émotion une expérience locale, sur sa paroisse Saint Michel, où un jeune, sensible à la situation de ses frères et sœurs, a pris l’initiative d’inviter ses pairs à des formations pratiques telles que le jardinage et l’aménagement intérieur. En vue de doter les jeunes de compétences concrètes, les rendant ainsi capables de servir. Il n’y a que l’Évangile qui puisse sortir l’Afrique de ses difficultés humaines.
L’intimité avec Jésus-Christ, pour se libérer de la peur.
Pour l’invité de la conférence-débat, la peur du futur est une émotion commune aux humains. Pourtant, le Christ nous appelle à ne pas nous inquiéter de l’avenir (Matthieu 6, 31) même si nous avons le devoir de planifier le futur. Il s’agit de se préoccuper de l’avenir et non de la peur de l’avenir. Se préoccuper nous met dans un processus de réflexion, d’engagement dans des initiatives. La peur, elle, par contre, nous oriente vers l’imagination de situations désastreuses futures. Elle produit l’inhibition des capacités de résilience. Agissant sur l’esprit, elle ôte toute capacité à résoudre les problèmes. Pourtant, le mental doit être doté, préparé à accepter les situations puis à se consacrer à la recherche de solutions.
«La Gloire de Dieu, c’est l’homme debout (St Irénée – 3e Siècle); l’homme debout face aux situations. Ce sentiment qui naît souvent spontanément en nous, le Seigneur nous donne les capacités pour s’en libérer. La culture d’intimité avec le Seigneur nous en libère. Avec beaucoup de discours qui veulent évacuer le Seigneur Dieu de la vie d’un homme, il est important de se faire accompagner par des mentors, des coachs prudemment choisis», conseilla le clerc.
Mais comment les jeunes, déjà employés, peuvent-ils créer la sécurité psychologique ? (peur permanente de perdre son emploi). «Le jeune doit d’abord apprendre à aimer le travail et à aimer le travail bien fait. Ce sont des principes qui, intégrés, le rendent vraiment utile pour la structure où il est employé. Cela lui fait gagner la confiance de ses employeurs et lui offre une sécurité relative, voire une aptitude à rebondir en cas de perte d’emploi. » répond le père. Il invite les jeunes à « prier saint Joseph le patron des travailleurs. Mais saint Joseph ne travaillera pas à notre place ».
Ulrich KOUVEGLO