» Dès le commencement, le Créateur les fit homme et femme. »
Il y a une polémique qui a éclaté entre Jésus et ses adversaires.
Celle-ci porte sur le mariage.
Jésus est invité à se prononcer.
Et il y va de la manière la plus méthodique.
» En ce temps-là, introduit saint Matthieu, des pharisiens s’approchèrent de Jésus pour le mettre à l’épreuve ; ils lui demandèrent : « Est-il permis à un homme de renvoyer sa femme pour n’importe quel motif ? »
Le sujet n’est pas si simple.
Car, l’acte de répudiation, depuis le livre du Deutéronome 24, 1 et par la suite, la tradition juive, se comprend certes comme un renvoi dont seul le mari peut prendre l’initiative.
Mais, c’est aussi un acte qui comporte une remise de billet annulant le mariage et permettant à l’épouse de se remarier.
Ce dernier aspect de la loi protège la femme contre l’arbitraire.
Les pharisiens, en s’approchant du Seigneur, n’en n’ont nullement fait allusion.
Dans leur réplique à la réponse de Jésus, on entend une objection :
« Pourquoi donc Moïse a-t-il prescrit la remise d’un acte de divorce avant la répudiation ? »
Et comme Jésus connaît bien la tradition et la loi, il leur rappelle leur endurcissement du coeur.
» Mais au commencement, il n’en était pas ainsi » déclaré le Seigneur.
C’est quoi ce » commencement » ?
Dieu se tient au-delà de nos visions étriquées des choses et de nos polémiques.
Dans l’Évangile, c’est l’Enseignement du Christ, lui-même, qui a été contesté.
Saint Matthieu décrit l’ambiance des échanges comme une mise à l’épreuve de Jésus, lui-même.
Et pourtant, Dieu se tient au-delà de cette polémique.
» N’avez-vous pas lu ceci ? Dès le commencement, le Créateur les fit homme et femme ? »
C’est l’originaire.
L’Homme, créé à l’image et selon la ressemblance de Dieu, n’est pas un être quelconque.
En lui est inscrite une vocation à une vie de communion.
Le sacrement du mariage en est un modèle.
Parler de la vocation à une vie de communion inscrite dans le coeur de l’homme, ce n’est pas un donné de rhétorique.
C’est bien un élément fondamental de la Révélation qui s’atteste dans nos expériences humaines.
Nul n’est heureux sans relation avec l’autre.
C’est même là les premiers jalons de l’expérience d’une vie de religion qui signifie » se relier à… ».
C’est parce que l’Homme, originairement, est fait pour la vie de communion avec Dieu qu’il aspire à entrer en relation avec ses semblables.
C’est pareil lorsqu’un phénomène de la nature accroche l’espérance ou le désir de Dieu inscrit dans son coeur.
» Au commencement, il n’en était pas ainsi «
Dieu, par-delà la vie de communion des époux, nous renvoie à ce qui nous constitue nativement : l’Être religieux que nous sommes.
Chaque peuple porte en lui ce désir du transcendant avec qui il tente d’entrer en alliance.
Car, dès le commencement, nous sommes créés par Dieu pour une vie de communion avec lui.
L’air, le feu, l’eau ou le vent ne peuvent pas remplacer le Dieu révélé dans notre vie.
Il est l’Auteur de toutes ces choses.
» Au commencement, il n’en était pas ainsi. »
Le Dieu que l’Église annonce est celui-là qui aime tous les peuples de la terre, d’Afrique en Occident.
C’est ce Dieu d’amour qui vient entrer en relation d’alliance avec chaque homme à partir de ce qu’il est : Etre religieux par nature.
Dieu nous renvoie à notre commencement.
Dieu nous rappelle qui nous sommes par-delà la diversité des cultures.
Dieu vient faire « Un » avec nous en prenant corps au milieu de nous.
C’est la mystique des épousailles entre Dieu et l’Homme.
C’est l’achèvement de la religion qui, avant de devenir éthique, de policer la société, est d’abord l’expression du désir de Dieu insccrit dans son coeur.
» Au commencement… »
Seigneur, apprends-nous à craindre ton Saint Nom.
Père Serge Martin Ainadou