« L’Esprit reçoit ce qui vient de moi pour vous le faire connaître. »
Le Paraclet est là !
L’Eglise est née.
Saint Luc, dans la première lecture de ce dimanche de la Solennité de la Pentecôte, décrit l’ambiance :
» Quand arriva le jour de la Pentecôte, au terme des cinquante jours après Pâques,ils se trouvaient réunis tous ensemble. Soudain un bruit survint du ciel comme un violent coup de vent : la maison où ils étaient assis en fut remplie tout entière. »
Le feu de l’Esprit-Saint se répandit sur les Apôtres sous la forme d’une langue de feu.
C’est l’Esprit de la communion des cœurs dans la diversité des charismes.
Le premier signe historique qui impressionne en ce jour de la descente de l’Esprit-Saint, c’est le signe des langues.
C’est le charisme du » parler en langues ».
Ce fut spontané et imprévisible, la marque même des charismes.
Les Apôtres ne comprenaient pas toutes ces langues étrangères dans lesquelles les entendaient leurs interlocuteurs.
Ce jour-là, à Jérusalem, il y avait des » Juifs religieux,venant de toutes les nations sous le ciel » lit-on dans la Première lecture de ce dimanche de la Solennité de la Pentecôte.
Saint Luc prend le soin de préciser que ces gens se rassemblent en foule, comme formant un seul peuple.
Cependant, ils sont tous différents les uns les autres, d’abord de part leur provenance d’origine et ensuite de part leur langue.
On passe les détails de leur personnalité chacune.
Et pourtant, les voici réunis en foule, devenant le noyau d’un peuple nouveau que Dieu s’apprête à constituer, accomplissant ce que les prophètes avaient annoncé.
Après ces jours-là, dit l’Eternel: Je mettrai ma loi au dedans d’eux, Je l’écrirai dans leur coeur; Et je serai leur Dieu, Et ils seront mon peuple. » Jr 31,33
Du côté de l’auditoire, c’est l’étonnement général.
C’est ce qui surprend dans ce signe du parler en langues.
» Dans la stupéfaction et l’émerveillement, ils disaient :« Ces gens qui parlent
ne sont-ils pas tous galiléens ? Comment se fait-il que chacun de nous les entende
dans son propre dialecte, sa langue maternelle ? »
Surprise générale !
Ces gens qui écoutaient les disciples, à la descente du Paraclet, constituaient déjà un peuple, car ils confessent les merveilles de Dieu.
La finale de l’extrait du livre des Actes des Apôtres en première lecture l’atteste.
Dieu tient compte aussi de la diversité qui fait la richesse de l’Eglise.
C’est ce principe de diversité qui promeut la beauté des charismes, ces dons gratuits de l’Esprit mis au service de la communauté avec charité.
Comme dans le cas du charisme » du parler en langues », ces dons servent la communion dans la diversité.
Ils ne s’opposent pas à la communion ni à l’unité.
Dans l’extrait de la première lecture de ce dimanche de la Solennité de la Pentecôte, malgré la diversité des origines et des cultures, il y a une communion.
C’est déjà à cette étape que on parle de l’universalité de l’Église qui n’est pas réductible à un clan ou à un groupe.
Les charismes ne sont donc pas une propriété privée que l’on s’attribue.
Les charismes ne sont pas les fruits d’un mérite personnel.
Ils sont donc des dons gratuits et imprévisibles de l’Esprit-Saint.
» Ces gens qui parlent ne sont-ils pas tous galiléens ? Comment se fait-il que chacun de nous les entende dans son propre dialecte, sa langue maternelle ? »
C’est l’Amour qui parle, sautant toutes barrières de langues, de races, car un charisme est un don gratuit de l’Amour.
Mais l’exercice de ce don ne dénie pas à celui qui en est favorisé son identité propre ni à son Auteur la sienne, justement pour qu’il y ait l’union des coeurs dans la charité.
Un charisme ne fait pas de moi quelqu’un de meilleur aux autres ni un dieu.
C’est sur ce point du combat spirituel que nous avons beaucoup à apprendre des saints, ces aînés dans la foi, qui ont toujours été habités par l’Esprit-Saint depuis le jour de leur baptême.
Pensons particulièrement à saint Ignace de Loyola, un des modèles de combat spirituel.
Le caractère surnaturel d’un charisme n’est pas lié à celui qui en est favorisé, mais c’est lié à sa source divine.
Or, comme c’est Dieu l’Origine d’un charisme et que il est Charité et Communion, c’est tout évident que ce qui porte sa touche divine ne peut pas attenter contre la Charité et la Communion.
Notre orgueil qui nous pousse à nous surestimer ne vient donc pas de l’Esprit-Saint qui nous enseigne à rendre témoignage.
» Quand viendra le Défenseur, que je vous enverrai d’auprès du Père, lui, l’Esprit de vérité qui procède du Père, il rendra témoignage en ma faveur. » déclare le Seigneur dans l’Évangile.
Rendre témoignage à la Verité qui est à l’origine de tout, c’est aussi se laisser se posséder par cette Vérité avec la puissance de l’Esprit-Saint.
C’est devenir comme Dieu : Aimer comme Dieu aime, regarder avec amour comme Dieu regarde avec amour.
C’est devenir témoin.
C’est le chemin du combat spirituel dont nous parle saint Paul dans la deuxième lecture de ce dimanche.
» Les tendances de la chair s’opposent à l’Esprit,
et les tendances de l’Esprit s’opposent à la chair. En effet, il y a là un affrontement qui vous empêche de faire tout ce que vous voudriez. »
Or, l’orgueil spirituel est une œuvre de la chair. C’est un grand obstacle lorsque on s’attribue la paternité d’un charisme.
Face à une erreur sur laquelle l’Esprit de Verité attire notre attention par la médiation de l’Église, nous ne voulons pas entendre raison.
On pense que on mériterait ce charisme. Que on serait plus élu que les baptisés.
La plupart des ivraies qui viennent étouffer les bons grains des charismes viennent de cet échec de notre combat spirituel, de la séduction du Malin.
Quelquefois, il parvient, par des convoitises, le goût excessif de l’argent surtout, à nous suggérer de ne pas faire du Saint-Esprit notre Allié dans ce Combat.
Or c’est le Saint-Esprit qui nous apprend à prier. C’est le Saint-Esprit qui nous éclaire sur la Volonté de Dieu. C’est lui qui nous donne la prudence et le discernement.
Comment ne pas se mettre à son Ecole ?
L’Amour qui vient de Dieu n’établit pas une confusion, mais instaure la communion dans la diversité.
Il ne supprime pas nos différences, mais les transfigure pour qu’elles deviennent un lieu de témoignage de communion et de vérité ecclésiale autour de Jésus-Eucharistie.
Comment j’accueille alors le Défenseur dans mon coeur ?
Est-ce que je me laisse habiter par lui afin qu’il détruise en moi tout germe de division et d’orgueil ?
Esprit de Pentecôte, viens renouveler notre cœur.
Père Serge Martin Ainadou