Je suis venu apporter un feu sur la terre, et comme je voudrais qu’il soit déjà allumé ! »
C’est le feu de la charité !
Disons-le d’emblée : ce n’est pas un feu qui fait du mal.
C’est un feu d’amour contre lequel se dressent les forces du mal.
» Je suis venu apporter un feu sur la terre, et comme je voudrais qu’il soit déjà allumé ! »
Ce feu brûle dans le coeur des baptisés.
Lorsqu’il est là, la charité devient le lieu d’un témoignage vivant.
La vie de ceux qui sont animés par ce feu interpelle comme elle dérange.
Dans la première lecture de ce dimanche, le prophète Jérémie se présente comme un cas d’école.
C’est une figure qui annonce celle du Christ, mort et ressuscité pour nous.
» Ce que ces gens-là ont fait au prophète Jérémie,
c’est mal ! Ils l’ont jeté dans la citerne. » dit Ébed-Mélek au roi.
A l’origine de cette situation fâcheuse, il y a une colère contre Jérémie.
La Parole de Jérémie dérange.
C’est un feu.
Alors, le projet, c’est de combattre ce feu.
Et pourtant le feu de charité est la Parole de Dieu elle-même.
C’est cette Parole qui déclare dans l’Évangile :
» Pensez-vous que je sois venu mettre la paix sur la terre ? Non, je vous le dis, mais bien plutôt la division. Car désormais cinq personnes de la même famille seront divisées : trois contre deux et deux contre trois ; ils se diviseront : le père contre le fils et le fils contre le père, la mère contre la fille et la fille contre la mère, la belle-mère contre la belle-fille et la belle-fille contre la belle-mère. »
Dieu n’est pas Auteur de confusion ni de division.
Ce n’est pas Dieu qui se dresse contre l’Homme.
C’est l’Homme, seulement lorsqu’il se laisse à l’influence de puissances contraires à l’Esprit de charité.
Le chrétien est quelquefois confronté à cette situation au coeur même de son propre milieu.
Soumis à une tradition qui ne respecte pas toujours la dignité de la personne, le chrétien est appelé à témoigner de l’espérance qui l’habite.
Il est contraire à la charité d’aller en guerre contre le frère.
Mais il est du pouvoir de la charité d’ébranler les assises des puissances des ténèbres.
Il y a là un discernement important à opérer.
Le feu de la charité est le Feu d’amour de Dieu.
C’est le Feu qui guérit et restaure.
C’est le feu qui rend ferme face à l’adversité.
C’est le feu qui raffermit ce qui est chancelant.
Ce même Feu d’amour met en déroute les puissances de la mort.
Car Dieu nous a créés pour une vie éclatante.
L’Écrivain sacré de la Lettre des Hébreux, fort de cette espérance, en appelle à avoir le regard fixé sur le Christ crucifié et ressuscité.
» Méditez l’exemple
de celui qui a enduré de la part des pécheurs une telle hostilité… » exhorte-t-il.
Le feu de la charité réunit tous les enfants de Dieu dans une même mouvance de l’Esprit.
C’est le feu des témoins de la foi.
C’est aussi le feu que redoute l’esprit du mal.
Car l’Amour est plus fort que la haine.
La vie plus que la mort qui, elle, est du non-être autant que le mal.
Seigneur, apprends-nous à vivre dans l’espérance.
Père Serge Martin Ainadou