La polémique au sujet de la bénédiction des couples irréguliers, notamment des couples homosexuels enfle depuis la publication de Fifucia supplicans » ( confiance suppliante )du dicastère pour la Doctrine de la foi. De nombreux fidèles craignent que la bénédiction des couples homosexuels soit confondue avec une bénédiction de » l’union des couples homosexuels ».
L’Église n’a pas le pouvoir d’accorder une bénédiction aux unions de personnes de même sexe
« Ce n’est pas une discrimination injuste, aucun jugement sur les personnes » avançait la Congrégation pour la Doctrine dans une déclaration en réponse à un » dubium » ( sic doute) qui lui avait été exprimé en mars 2021. « Il n’est donc pas licite pour les prêtres de bénir les couples de même sexe qui demandent une sorte de reconnaissance religieuse de leur union » précisait le document de la Congrégation pour la Doctrine de la foi en mars 2021.
La note, peut-on lire, s’inscrit dans le » désir sincère d’accueillir et d’accompagner les personnes homosexuelles auxquelles sont proposés des chemins de croissance dans la foi ». Selon certains spécialistes, cette position de l’Eglise n’est pas récente. Déjà l’Exhortation apostolique » Amoris Laetitia » du Pape François évoquait, précisent-ils, » l’aide nécessaire » offerte aux personnes homosexuelles » pour comprendre et réaliser pleinement la volonté de Dieu dans leur vie« .
La Congrégation pour la Doctrine de la foi interdit alors toutes propositions pastorales de bénédictions des « unions homosexuelles » et maintient cette position dans la Déclaration doctrinale « Fiducia supplicans » ( Confiante supplication) du 18 décembre 2023, soit deux ans après la note de clarification sur la distinction à faire entre célébration sacramentelle des » unions homosexuelles » et une bénédiction « sacramentale » des personnes, fussent-elles homosexuelles.
Dans la polémique des interprétations ignorent la disctinction pastorale
Selon les spécialistes, l’Eglise a une position de » mère et d’enseignante ». L’urgence de la conversion concerne tous les baptisés en marche vers le Ciel. Elle n’exclut donc personne de cet appel à la conversion. Pour des observateurs, on retrouve cette position de l’Eglise dans la note de la Congrégation pour la foi datée de mars 2021 en réponse à des doutes émis au sujet de la possibilité de bénir des personnes homosexuelles. Certaines objections ont craint le scandale qui proviendrait non seulement d’une difficulté de compréhension à l’idée de bénir des personnes homosexuelles, mais aussi du caractère équivoque d’une bénédiction de » couples de personnes de même sexe ». Une telle forme de bénédiction, pour certains, reviendrait à entretenir une confusion avec la célébration sacramentelle de » l’union des personnes homosexuelles ».
Et pourtant, peut-on lire dans la note de la Congrégation pour la Doctrine de la foi, la réponse négative à la bénédiction d’une telle union ( impossible) n’implique pas en effet un jugement sur les personnes concernées, qui doivent être accueillies « avec respect, compassion et délicatesse » en évitant « toute marque de discrimination injuste« . L’Eglise s’appuie tout simplement sur la vérité et la valeur des bénédictions qui sont les » sacramentaux ».
La Congrégation pour la Doctrine de la Foi précise en conclusion que la réponse au « dubium » n’exclut pas la possibilité « que des bénédictions soient accordées individuellement à des personnes ayant des inclinations homosexuelles, qui manifesteraient la volonté de vivre en fidélité aux desseins révélés par Dieu », tout en déclarant illicite « toute forme de bénédiction qui tend à reconnaître leurs unions ».
Distinguer un sacrement d’un sacramental
Des spécialistes consultés remarquent que l’homosexualité est un acte contraire au Projet de Dieu sur l’homme appelé à s’ouvrir au don de la vie à travers l’union sexuelle de l’homme et de la femme dans le sacrement du mariage. C’est pourquoi le document » » du 18 décembre « fait la distinction entre une bénédiction liturgique (celle qui, avec un rituel précis, accompagne la réception d’un sacrement) et les gestes ordinaires et spontanés de bénédictions pastorales. D’après des analyses, les gestes ordinaires et spontanés de bénédictions sont destinés à tous les baptisés ou bien aux personnes cheminant vers le baptême sans exception aucune. Ils peuvent être vécus dans différents contextes, « comme la visite d’un sanctuaire, la rencontre avec un prêtre, une prière récitée en groupe ou lors d’un pèlerinage » et jamais dans un cadre évoquant, de près ou de loin, un acte rituel de mariage.
Magali Scantamburlo