« Dans la Loi, qu’y a-t-il d’écrit ? Et comment lis-tu ? »
La dernière partie de la question de Jésus au docteur de la loi est fondamentale.
« Dans la Loi, qu’y a-t-il d’écrit ? Et comment lis-tu ? »
C’est la partie de l’interprétation.
Jésus demande au docteur de la loi comment il interprète le Talmud.
Une interprétation erronée va conduire à l’étroitesse d’esprit des pharisiens.
Une interprétation correcte exige une formation et conduit à la charité, c’est-à-dire à l’amour.
Dans l’Évangile de ce dimanche, Jésus entreprend de former le docteur de la loi.
La parabole du bon Samaritain est une clef de lecture de cette loi de l’amour de Dieu et de l’amour du prochain.
« Un homme descendait de Jérusalem à Jéricho, et il tomba sur des bandits ; ceux-ci, après l’avoir dépouillé et roué de coups, s’en allèrent, le laissant à moitié mort » rapporte le Seigneur.
De tous les passants, seul un Samartain est venu prendre soin de cet homme.
Le choix de la figure du Samaritain n’est pas sans sens.
Jésus remet au centre les exclus.
Les Samaritains n’étaient pas bien vus par les Judéens.
Ils sont traités d’étrangers ou bien de » Kuthim ».
Ces Israélites sont vus comme des » païens ». Il est donc interdit d’avoir des contacts avec eux et de leur demander quelque service.
Or Jésus franchit cette frontière en rencontrant la Samaritaine.
Dans l’Evangile de ce dimanche, il va jusqu’à donner en exemple le modèle de charité du Samaritain.
Le docteur de la loi est situé sur le sens à donner à la loi, sur le » comment » lire la loi.
« Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de toute ta force et de toute ton intelligence, et ton prochain comme toi-même. »
Le prochain ?
Ce n’est pas que le Judéen. Ce n’est pas que celui qui est du même village que moi. Du même clan.
C’est aussi l’autre qui est au bout du monde, au bout du territoire.
Cette manière de » lire » la loi exige pourtant une formation.
C’est le modèle même de l’impératif de la formation.
« Dans la Loi, qu’y a-t‑il d’écrit ? Et comment lis-tu ? »
Le contenu de la loi est accessible à tous à priori.
Le contenu de la Bible est accessible à tous.
Il reste cependant que cette accessibilité ne garantit pas forcément une juste lecture du contenu.
« Dans la Loi, qu’y a-t‑il d’écrit ? Et comment lis-tu ? »
Il y a une autre étape à franchir.
C’est l’étape d’une juste interprétation.
A l’évidence, celle-ci ne va pas de soi.
Le docteur de la loi, malgré sa maîtrise du contenu de la loi, continue de chercher.
On sait qu’il y avait une multitude de Mitsvot, exactement 613.
Tout cela, le docteur de la loi connaît par cœur pour l’avoir appris et récité.
Pourtant, sur le contenu du mot » prochain », (Amiyth) dans sa variante hébraïque, le docteur de la loi semble exclure une catégorie.
Or, les prescriptions de Dieu dans le livre du Deutéronome exigeaient déjà d’obéir aux lois de Dieu.
« Écoute la voix du Seigneur ton Dieu, en observant ses commandements et ses décrets inscrits dans ce livre de la Loi, et reviens au Seigneur ton Dieu
de tout ton cœur et de toute ton âme. »
C’est connu.
La finalité de cette obligation, ce n’est pas d’introduire dans les cœurs une certaine crainte des châtiments de Dieu en cas de désobéissance.
Mais c’est de croître dans la charité.
C’est la fin de la loi.
Jésus aide ainsi à s’élever vers cette liberté qui aime et recherche le bien de l’autre.
Le Seigneur sait que nous avons besoin de son aide précieuse pour promouvoir la bonté envers nos frères.
Le Samaritain exclu par préjugés devient le modèle central de la charité.
C’est ainsi que les pensées de Dieu ne sont pas nos pensees.
Le lendemain, il, le Samaritain, sortit deux pièces d’argent, et les donna à l’aubergiste, en lui disant :
‘Prends soin de lui »
Prendre soin de son frère, c’est le commencement de la charité.
On prend soin de l’autre de plusieurs manières
On prend soin de l’autre en veillant sur son bien.
On prend soin de l’autre en l’aidant à la formation de son esprit.
Le Seigneur, dans l’Évangile, nous en donne l »exemple par son dialogue avec le docteur de la loi.
» Il est la Tête du corps. Il est la Tête de l’Église » nous rappelle saint Paul dans la deuxième lecture de ce dimanche.
Lorsque la tête se porte bien, elle entraîne le corps.
C’est le sens des formations en Eglise.
C’est pour vivre plus authentiquement notre foi chrétienne.
C’est pour mieux connaître afin de mieux aimer Dieu.
C’est pour croître dans la charité en dissipant des erreurs et des doutes comme le dit saint Thomas d’Aquin.
La question que le Seigneur nous repose aujourd’hui est donc ceci :
« Dans la Loi, qu’y a-t-il d’écrit ? Et comment lis-tu ? »
Pour s’assurer du » comment je lis », je me mets à l’écoute des Pères de l’Église.
A l’écoute de la Tradition de l’Église.
A l’écoute des témoins de la foi qui nous ont précédé et qui nous ont transmis la foi dans la fidélité à ce que, eux-mêmes, ont reçu des Apôtres.
Le Seigneur nous communique sa Lumière pour que nous nous mettions à son Ecole.
Père Serge Martin Ainadou