» En ce temps-là, de grandes foules faisaient route avec Jésus. »
C’est le sens de l’Église : Faire route avec Jésus.
Il est intéressant de faire halte face au tohu-bohu du siècle puis de se demander : Pour qui suis-je baptisé ?
C’est pour Jésus que je suis devenu chrétien. C’est avec lui que je marche en Eglise.
La conviction d’appartenir au Christ a profondément habité saint Paul.
Dans la deuxième lecture de ce dimanche, dans son adresse à Philémon, Paul dit tout son dévouement paternel.
Onésime est né dans le Christ par les bons soins pastoraux de Paul.
Onézime peut maintenant avoir le sentiment filial de se recevoir d’un père qui l’aime.
La figure de ce père, Paul, par analogie, renvoie à la Paternité de Dieu, Source de toute bonté.
Paul introduit, dans sa lettre, une précieuse demande en qualité de son statut de père :
» Moi, Paul, tel que je suis, un vieil homme…, j’ai quelque chose à te demander pour Onésime,
mon enfant à qui, en prison, j’ai donné la vie dans le Christ. »
Paul n’avait pas un passé élogieux.
Il a été aussi habité par le désamour. Il n’aimait pas les chrétiens.
Cet état de Paul n’a pas empêché Dieu de faire de lui un témoin authentique de sa grâce.
Il est devenu pour Onézime son fils un père.
» Qui peut comprendre les volontés du Seigneur ? Les réflexions des mortels sont incertaines, et nos pensées, instables. » dit l’auteur sacré du livre de la Sagesse en première lecture.
L’incertitude des réflexions des mortels vient du fait qu’ils sont eux-mêmes des êtres finis.
 tâtons, ils recherchent la lumière et sont quelquefois plongés dans l’erreur s’ils ne demandent la Lumière du Christ.
Pour l’homme, peut-être, Saul de Tarse était loin d’être touché par la grâce de l’appel et de la miséricorde de Dieu.
Et pourtant, Dieu surprend l’homme dans ses réflexions incertaines et dans ses pensées instables puis accorde à Saul, devenu Paul, de devenir un de ses témoins authentiques.
Pour cet homme, désormais, vivre, c’est le Christ.
» Qui peut comprendre les volontés du Seigneur ? Les réflexions des mortels sont incertaines, et nos pensées, instables. »
Nous sommes à l’époque de nombreuses idéologies, réflexions incertaines et instables.
Elles ont sur l’agir chrétien un réel impact devastateur si on ne sait pas demander au Seigneur la grâce du discernement.
Puis la grâce de revenir à la question essentielle du départ :
Pour qui suis-je baptisé ?
Onézime dont nous méditons la figure est un chrétien comme nous.
A travers les lignes de Paul, on peut découvrir le profond sentiment d’un fils envers son père et du père envers le fils.
A ce stade, Onézime ne voit pas dans la figure de Paul un persécuteur.
Car il doit l’avoir, sans doute, appris comment il n’aimait pas les disciples du Christ Ressuscité.
Mais dans la personne de Paul, Onézime voit le Christ, Lui-même.
Comme Onézime, nous autres baptisés, nous avons aussi la joie d’avoir été engendrés dans la foi.
Tout a commencé avec le Christ ce jour-là où le ministre ordonné, sur notre front, a versé l’eau du baptême en prononçant le formule du baptême.
C’est le point de départ d’une aventure avec le Christ.
Puis l’enracinement est nécessaire.
Il exige deux attitudes dont nous parle le Seigneur dans l’Évangile de ce dimanche :
La première attitude, c’est de préférer le Christ à toutes autres idoles, y compris ce que l’auteur sacré du livre de la Sagesse nomme : » des réflexions incertaines et des pensées instables « .
Celles-ci tendent à nous faire oublier le joie de notre baptême et à nous opposer à Dieu et à son Eglise.
Notre lumière, c’est l’Evangile du Christ.
La deuxième attitude, c’est d’éviter de sous-estimer l’Ennemi de ce monde ou, plus exactement, de nier son existence.
» Quel est celui d’entre vous qui, voulant bâtir une tour, ne commence par s’asseoir pour calculer la dépense et voir s’il a de quoi aller jusqu’au bout ? »
C’est du réalisme évangélique qui sait compter sur Dieu Seul et sait s’arrimer à lui pour affronter les tempêtes de notre vie de foi.
Dans la démarche du renoncement que nous propose le Seigneur, il n’y a pas de mépris des autres.
Il y a plutôt, dans cette pauvreté évangélique, un libération d’espace pour exercer la charité.
Le pouvoir est réduit à sa plus simple expression.
L’avoir est remis dans sa juste finalité.
Le savoir n’est pas une fin. Mais il devient un moyen en vue d’exercer un bon discernement à la lumière de l’Évangile du Christ.
Seigneur, apprends-nous à grandir dans la Charité.
Père Serge Martin Ainadou