« J’ai été invité par un ami à un culte, que faire ?». C’est une préoccupation qui taraude le cœur de certains jeunes chrétiens catholiques. Au nom de la fraternité, ils s’interrogent sur l’attitude à tenir à l’égard d’une invitation à se rendre au culte d’un ami, sans que s’installe une certaine confusion des identités. Car, en définitive, il s’agit, pour eux, de questionner un témoignage de fraternité qui ne soit pas fusion ni confusion. Face à ces questionnements, le père Dénis Joël HOUENOU, prêtre du diocèse de Porto-Novo ( Bénin) invite au discernement. Pour lui, pour aller à un culte auquel un ami invite un baptisé catholique, il va falloir que ce dernier s’informe sur le contenu de ce culte.
Mais alors, la religion ne divise-t-elle pas ?
S’interroger sur le contenu d’un culte différent du sien et chercher à le comprendre ne s’oppose pas à un esprit de fraternité. « C’est certes une manière de s’intéresser à l’autre » remarque le Père Denis Joël HOUENOU. Il y a donc lieu de se demander : « À quel genre de culte m’invite un ami ? » Cette interrogation requiert un dialogue. Mais le dialogue ne peut devenir fécond que si des repères certains sont connus par avance et que l’on est capable de dialoguer avec l’autre, sans oublier l’identité qui est la sienne. Pour le Père Dénis Joël HOUENOU, le dialogue présuppose donc déjà un témoignage de fraternité, sans que cette démarche soit nécessairement le lieu d’une confusion des identités. A ce propos, il existe un dialogue œcuménique entre l’Eglise catholique et les autres Eglises séparées qui se réclament du Christ, comme par exemple les Protestants méthodistes.
« Avec ces frères, il est question de vivre, au nom du Christ, la fraternité, d’apprendre à se connaître mutuellement et à partager des moments forts ensemble. C’est une façon de se rapprocher les uns des autres pour mieux dialoguer » reconnaît le Père Théodore Agbozo, prêtre du diocèse de Cotonou ( Bénin). Outre ces initiatives œcuméniques, il s’agit d’approfondir avec bienveillance ses informations sur le type de culte auquel un ami catholique ou non inviterait à assister. Car l’Eglise ne reconnaît pas la validité du baptême de toutes les dénominations confessionnelles. Il ne faudrait donc pas que l’on se trompe ou bien que l’on confonde la qualité du témoignage de fraternité à offrir avec des malentendus relativistes qu’une telle démarche pourrait supposer in fine. Ce relativisme consiste à affirmer que » c’est la même vérité partout ». « Comme la foi catholique nous précède et est reçue des Apôtres, à travers la profession du Symbole des Apôtres ou du Symbole de Nicéé-Constantinople ( le credo) à la messe le dimanche et le jour des solennités, aucun baptisé ne peut la modifier ni la relativiser » rappelle le Père Théodore Agbozo. C’est même le lieu de témoigner d’une profonde fraternité à l’égard des frères, « car un symbole, par définition, c’est un signe de reconnaissance mutuelle après un long moment de séparation », renchérit le Père Serge Martin Ainadou, prêtre du diocèse de Cotonou ( Bénin). « La religion n’est donc pas censée diviser, par son essence, sauf lorsque l’on y introduit des idéologies, car la religion, c’est ce qui « relie » à la fois les hommes entre eux et « relie » les hommes à Dieu » a-t-il ajouté.
La foi n’est pas une chemise qu’on peut changer à souhait
« La foi n’est pas une chemise qu’on peut changer à souhait » rappelle le Père Dénis Joël HOUENOU. Pour ce dernier, les lieux de définition d’un cadre de fraternité sont à rechercher, moins dans une « tolérance » qui frise le relativisme, que dans un réexamen d’éléments objectifs qui ne sont pas modulables au gré de chacun. Pour le Père Augustin SIDI, prêtre du diocèse de Cotonou (Bénin) et invité de la 51ème rencontre des jeunes auditeurs du Cercle de Réflexion et d’Évangélisation Les Maux de ma foi, il s’agit de déceler dans les rapports humains des éléments qui, de façon objective, nous permettent de convenir. Il énumère quelques-uns de ces éléments en terme de « conscience humaine qui est un don du créateur et où Sa Voix nous parle, où Sa loi est inscrite puis de raison qu’Il a donnée à l’Homme ».
Bonaventure KPAHOUN