Le père Léon Atèmon, prêtre béninois de la Compagnie des prêtres de Saint-Sulpice, enseignant de théologie morale au Séminaire Mgr Louis Parisot de Tchanvédji ( Bénin)a donné une conférence samedi 20 mai 2023 au Centre Paul VI de Cotonou (Bénin). Cette rencontre s’inscrit dans le cadre de la 53e édition des débats bimensuels du Cercle de réflexion et d’évangélisation “Les Maux de Ma Foi”.”
La vie humaine. à l’épreuve
Thème central de cette édition, la question de la manipulation de la vie humaine a été étudiée sous toutes ses formes à la lumière de la Parole de Dieu et de Donum Vitae, un document du Magistère de l’Eglise proposant des reflexions sur la sacralite de la vie humaine. Selon le père Léon, la vie humaine déjà, peut être considérée comme un don de Dieu accordé à l’homme, et qui nécessite donc d’être protégée.
Elle se distingue de la vie animale et végétale. La vie humaine implique une participation à la création plutôt qu’une simple reproduction biologique de conservation de l’espèce, comme c’est le cas chez les animaux. De plus, la vie humaine a un commencement et une fin, elle “prend son origine en Dieu”, explique-t-il.
Le terme latin “manus”, qui signifie main, est à l’origine du mot “manipulation” rappelle-t-il. La manipulation en elle-même n’a rien de dégénératif, mais elle peut prendre une connotation négative lorsqu’elle est utilisée dans un contexte criminel. On parle de manipulation de la vie humaine lorsque des gestes et des comportements adoptés envers une personne sont agressifs et visent à rabaisser l’homme dans sa dignité.
Le cas de l’avortement
Le père Léon explique que le mot “avortement” provient du latin “avorio”, qui signifie mourir avant la naissance. Il s’agit spécifiquement d’une interruption volontaire ou non de la grossesse avant que le nouvel être ne soit viable, c’est-à-dire d’une expulsion avant le terme. On distingue l’avortement spontané (fausse couche), l’avortement thérapeutique et l’avortement provoqué. Dans tous les cas, cela entraîne la mort d’un être humain, une suppression d’une personne qui est à l’image et à la ressemblance de Dieu.
» Est-il juste de tuer un être humain pour résoudre un problème ? Pourquoi la suppression de la vie est-elle devenue courante pour résoudre des problèmes ? « s’interrogent des auditeurs présents à la 53 ème édition du Forum du Cercle de réflexion et d’évangélisation Les Maux de ma foi. À ces questions, le père Léon Atèmon répond que nous vivions dans une période où la conception et la perception anthropologique de l’homme ont profondément changé. Selon lui, la loi française interdisant l’avortement qui a été abrogée autour des années 1920, et en 2021, l’autorisation du parlement béninois de pratiquer l’avortement, sont des preuves de cette perception particulière de la vie. La principale motivation évoquée par le parlement béninois est le fait que “l’avortement clandestin est la première cause de décès au Bénin”.
Tout cela soumet la vie de l’enfant aux désirs des parents et des agents de santé, ce que l’invité considère comme une forme de discrimination, une arrogance contre Dieu, une prétention et une ouverture à une boîte de Pandore. La question liée à la promotion de politiques antinatalistes n’est pas passée sous silence. Il s’agit de définir des priorités politiques de promotion de la vie et de travailler à sa protection.
Des solutions
D’autres manipulations de la vie sont également mentionnées par l’Église, telles que les techniques de procréation artificielle, le planning familial, le clonage, la thérapie génique et les tentations d’hybridation. L’eugénisme est également évoqué comme une manipulation de la vie humaine. Toutes ces pratiques ont des conséquences néfastes, telles que l’état dépressif, la culpabilité, la perte de l’estime de soi, le désir de suicide, l’anxiété, les cauchemars, les troubles sexuels et les traumatismes.
Le père Léon souligne que l’État a la responsabilité de mettre en œuvre tous les moyens possibles pour que la vie soit respectée.Il énumère des critères moraux à suivre pour le respect de la vie humaine : l’être humain ne doit jamais être traité comme un moyen, mais toujours comme une fin en soi ; il ne peut pas être utilisé comme objet d’expérimentation, car il est l’unique création voulue par Dieu à son image et selon sa ressemblance. La dignité de l’homme doit être inaliénable, et il doit être considéré comme sacré et inviolable. Toute technique de manipulation de la vie humaine qui ne vise pas à favoriser la vie elle-même est illicite, et chaque cas doit être examiné individuellement. L’invité de cette édition du Forum du Cercle de réflexion et d’évangélisation Les Maux de ma foi donne des exemples d’actions entreprises par l’Église pour éclairer ses fidèles à différents niveaux : national, diocésain, paroissial, ainsi que pour diverses catégories de personnes telles que les jeunes, les femmes et les artisans.
Eusèbe Djagba