De la « woke culture » naît une culture de l’annulation, appelée » Cancel. culture ». Ce mouvement qui se répand en 2013 aux États-Unis est à l’origine d’une certaine prise de conscience de la souffrance des minorités qui s’insurgent contre des actes de ségrégation raciale et de discrimination à l’égard des noirs américains. C’est le début de la pensée woke. Celle-ci, pourtant, connaîtra de métamorphoses, et provoque de nouveaux défis inattendus.
Le ton du discours
Le jeune internaute, notamment le chrétien est invité à discerner les vrais mobiles qui se cachent derrière des discours à allure revendicatrice. Selon plusieurs spécialistes, notre époque en appelle à une culture de l’esprit critique pour faire la part des choses. L’enfer est quelquefois pavé de bonnes intentions, réagissent certains connaisseurs du wokisme.
Du fait des minorités d’avoir conscience de leur dignité et de réclamer des droits par exemple à l’instruction, à un transport en commun, à une juste rémunération et d’utiliser des moyens licites pour les obtenir, expliquent des spécialistes, le wokisme peut faire basculer dans un phénomène de violence physique ou morale. On ne réclame plus face à des » inégalités sociales » un thème cher au philosophe Suisse Rousseau, mais on promeut plutôt une certaine atteinte à l’intégrité morale ou physique.
De la « woke culture« , expliquent des spécialistes, surgit la « cancel culture« . C’est la culture de l’annulation, qu’on appelle aussi la « call-out culture », la culture qui sert à pointer du doigt, en particulier sur les réseaux sociaux une personne dont les propos ou comportements seraient jugés » inappropriés » à la défense d’une cause. On reproche à ce courant sulfureux son obscurantisme, son manque de nuance, son goût pour l’humiliation publique, pour l’ostracisme .
D’après des spécialistes, il s’y cache une volonté de niveler par la base, d’effacer une œuvre ( littéraire ou cinématographique) ou une parole jugées non conformes à la défense d’une cause. Des auteurs citent en exemple le phénomène de la » communication inclusive » qui consiste à faire table rase de codes sociétaux les plus admis, à renverser des contenus sémantiques, à ne plus appeler quelqu’un par » Monsieur » ou bien par » Madame » ou bien encore à remettre en cause des fêtes chrétiennes comme la Noël. Tout ceci au nom du respect pour des minorités qui, dans un espace public ou laïc, ne partagent pas les mêmes opinions que la majorité, arguent-ils.
L’attitude du chrétien face à la cancel culture ou au wokisme
A l’occasion des vœux au corps diplomatique prononcés lundi 10 janvier 2022, le Pape François a fustigé la « colonisation idéologique » en cours dans certaines institutions publiques, y voyant l’expression de la « cancel culture« . « On assiste à l’élaboration d’une pensée unique contrainte à nier l’histoire, ou pire encore, à la réécrire sur la base de catégories contemporaines, alors que toute situation historique doit être interprétée selon l’herméneutique de l’époque« , a-t-il regretté.
Pour le Pape, il s’agit d’un danger. D’où l’urgence du discernement chez le chrétien pour faire la part des choses, expliquent des spécialistes. «Au nom de la protection de la diversité, on finit par effacer le sens de toute identité, avec le risque de faire taire les positions qui défendent une idée respectueuse et équilibrée des différentes sensibilités» rappelait le Pape. Pour les spécialistes, il fournit une clef d’interprétation équilibrée face au phénomène du wokisme ou de la cancel culture qui ne doit pas occulter le bon sens et le témoignage de l’esprit de discernement et de charité.
La rédaction/ Les Maux de ma foi